Blockchain White Paper [février 2019] (2/3)

La deuxième partie du rapport de la NARA sur la blockchain est consacrée aux impacts de cette technologie sur le Records management sous deux angles :

  • La blockchain contient-elle des records ?
  • Si oui, comment réaliser leur archivage ?

Nous en récapitulons ci-après les principales idées.

Y a-t-il des records dans la blockchain ?

Au regard de la définition des « federal records », il semble évident que les données qui se trouvent dans la blockchain peuvent être des « federal records », notamment si elles sont en relation avec des transactions effectuées dans le cadre des activités de l’administration.

Quelles sont les opportunités de la blockchain pour le records manager / archiviste ?

La blockchain est une opportunité indéniable pour assurer l’intégrité des documents, ce qui est à la base des activités du records manager. Un exemple pourrait être de stocker les signatures électroniques de documents dans la blockchain et non dans le document lui-même, cette solution résolvant la question de l’expiration rapide des certificats de signature.

Les questions archivistiques

Actuellement, l’usage de la blockchain est peu répandu, ce qui ne change pas, pour NARA, les modes d’évaluation, de sélection et de transfert pour archivage définitif. Mais cela pourrait être le cas à l’avenir et des questions se posent : faut-il prévoir un nœud de la blockchain dédié aux archives ? Faut-il prévoir le transfert pour archivage d’une partie ou de la totalité de la blockchain ? Est-ce possible du point de vue technique ?

D’autre part, si la question de l’archivage définitif de données et documents se trouvant dans la blockchain est une considération purement théorique à l’heure actuelle, de nombreuses questions peuvent déjà se poser :

  • A-t-on besoin de ressources particulières pour archiver les documents qui se trouvent dans la blockchain ?
  • Dans la mesure où les documents stockés dans la blockchain peuvent-être de formats et de natures très différents, sera-t-on capable d’accéder et d’archiver ces documents sur le long terme ?
  • Qu’en sera-t-il de l’archivage des parties cryptées de la blockchain ?
  • Comment déterminer la responsabilité de l’archivage si plusieurs administrations sont parties prenantes d’une même blockchain ?
  • Pourquoi la NARA ne deviendrait-elle pas elle-même un nœud de la blockchain ? Dans ce cas, quel en serait le fondement légal ?

Le défi de la décentralisation

Aujourd’hui, la plupart des systèmes et outils de records management fonctionnent sur la centralisation des records dans un seul système. Or, la blockchain reporte la confiance et la responsabilité dans des systèmes décentralisés, c’est donc un changement de paradigme. De façon plus générale, les technologies d’aujourd’hui sont basées sur une organisation en réseau : Facebook et autres réseaux sociaux. Par exemple, du côté des archives, le modèle de description SNAC fonctionne sur un modèle de réseau. Ce changement de technologie pourrait donc aussi avoir un impact sur la façon dont les archives sont organisées, classées et gérées à travers le temps, et cela aurait aussi un impact sur la façon dont les records manager collectent et appliquent les contrôles intellectuels et d’accès.

Blockchain et archivistique

La question de la blockchain montre qu’une approche trans-disciplinaire de la conservation des documents électroniques est de plus en plus indispensable. Une professeur de l’Université de Colombie Britannique, le Dr. Lemieux, enseigne par exemple à ses étudiants comment créer une blockchain en utilisant Hyperledger. Elle compare d’ailleurs la blockchain au système de gestion documentaire médiéval où les objets étaient utilisés pour documenter des transactions.

Conclusion

En conclusion, le rapport émet quelques recommandations à destination des administrations qui souhaiteraient utiliser la blockchain :

  • Développer des politiques pour identifier les implications de la blockchain en matière de records management ;
  • Implémenter des systèmes en capacité de mettre en œuvre ces politiques ;
  • S’assurer que les données et documents de la blockchain puissent être accessibles au fil du temps ;
  • Gérer le cycle de vie en supprimant les données et documents à leur terme ou en les transférant aux Archives nationales.

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