Dans les deux précédents billets, nous avons récapitulé les principales idées du rapport publié par la NARA au sujet de la blockchain et de ses impacts en matière de records management. Que faut-il en retenir, en particulier dans le contexte archivistique français ?
La blockchain est une technologie comme une autre…
La blockchain, comme la plupart des technologies émergentes, suscite bon nombre de fantasmes, plus ou moins justifiés. Le rapport de la NARA est intéressant dans la mesure où il considère cette technologie comme un objet d’étude, qui présente des opportunités intéressantes – dont certaines pourraient utilement s’appliquer au domaine des archives – mais ne doit pas être sur-estimé. Autrement dit, la blockchain ne va pas fondamentalement révolutionner l’approche archivistique, en revanche, elle peut être un moyen intéressant de répondre à certains besoins. Il importe donc de comprendre les mécanismes techniques à la base de la blockchain pour en évaluer le potentiel et les éléments d’explication fournis par le rapport dans sa première partie sont à cet égard très clairs.
…les archivistes doivent donc s’y intéresser !
La blockchain est amenée à stocker des données et des documents qui prouvent de façon certaine et sécurisée des transactions, un objectif très convergent des missions de l’archiviste. L’étude des modalités de production et de conservation des données et documents de preuve est à la base de l’archivistique et de la diplomatique. Il est donc indispensable de s’intéresser à la blockchain de ce point de vue.
C’est d’autant plus indispensable, que de de nombreuses questions pratiques et techniques se poseront pour les données et documents qui se trouvent dans la blockchain, si cette technologie connaît un certain essor. Comment capturer les données et documents de la blockchain ? à quel moment ? Comment assurer la lisibilité de ces données et documents à travers le temps ? Comment gérer leur cycle de vie ?
La blockchain pourrait aussi répondre à certains défis de l’archivistique contemporaine
La blockchain est avant tout une technologie de preuve très sécurisée. Or, c’est bien l’un des objectifs du système d’archivage électronique que de garantir la valeur probante des données et documents qu’il conserve, notamment via la garantie de l’intégrité et de la traçabilité. La blockchain peut donc être une façon intéressante de répondre à ces besoins.
En outre, le rapport attire l’attention du lecteur sur l’importance de l’organisation en réseau de la plupart des systèmes actuels, en citant notamment l’exemple de réseaux sociaux comme Facebook. La blockchain étant une technologie distribuée, elle fonctionne sur ce principe. Or, cela pose bien des questions sur les impacts d’une telle organisation en matière de collecte et de conservation des documents et données que l’on a aujourd’hui du mal à concevoir autrement que dans des systèmes centralisés.